Kallima

  • reportage photographique
  • du 25 juillet au 11 septembre
  • vernissage le vendredi 29 juillet à 18h

Ce reportage a été réalisé entre 2014 et 2015 à Besançon.

« Si un homme, une femme, un enfant souffrent et que personne ne veut les secourir, vous entendrez tout. Toutes les excuses, toutes les justifications, toutes les bonnes raisons de ne pas leur tendre la
main. Dès qu’il s’agit de ne pas aider quelqu’un, on entend tout.
A commencer par le Silence. Si cet homme, cette femme ou cet enfant qui souffrent ne sont pas seuls à souffrir, s’il y a une guerre
à nos portes, s’ils sont des milliers, des dizaines de milliers, des centaines de milliers, peut-être un million à nous demander de l’aide, nous ne pouvons pas ne pas en parler. Notre silence serait
assourdissant. » (1)

Je voulais savoir qui étaient ces personnes en demande d’asile. D’où viennent-elles, comment vivent elles ? J’ai appris qu’une procédure de demande d’asile peut durer de quelques mois à 2 ans.
On m’a appris que, dans le CADA où j’ai travaillé, on accueille des familles dans des appartements que l’association loue ; les familles accueillies n’ont pas le droit de meubler l’appartement, elles ne
peuvent pas réellement l’investir : elles doivent avoir conscience que c’est un logement de transition. Les enfants sont scolarisés rapidement. On m’a expliqué que pendant cette procédure, les personnes ont le droit de travailler, mais que c’est souvent compliqué en réalité. Les Familles n’ont pas le droit de sortir du territoire français ; les gens attendent une réponse qui changera complètement leur vie,
qu’elle soit favorable ou non. C’est à cet instant que j’ai commencé mon travail, avec l’idée que j’allais photographier l’attente. Je voulais partir sans à priori, photographier ce que je voyais, or sans
même m’en rendre compte, j’avais déjà un a priori, puisque j’avais l’idée de photographier l’attente, alors que je n’avais encore rencontré aucune famille.
J’ai commencé mes prises de vues, j’ai rencontré une première famille. Des personnes qui venaient du Kosovo, avec quatre enfants de 6 à 22 ans. On a beaucoup discuté, ils m’ont accueillie avec beaucoup de chaleur et de sympathie. A mon grand étonnement, ils avaient accepté que je vienne les photographier parce que pour eux, je représentais la France, et il voulait m’aider, comme la France les aidait. J’ai rencontré 6 familles, avec des enfants plus ou moins grands, qui ont été capable
de me donner des leçons de vie. Tous m’ont accueillie, avec gentillesse, et avec toujours plus de thé, café turque, loukoum, et autres spécialités.... Et c’est là que je me suis réveillée, je n’étais pas en train de photographier l’attente, mais l’Amour.

J’ai vu des familles venant de plusieurs pays, avec autant d’histoires qu’il y a de familles, mais à chaque fois je retrouvais l’énorme dose d’amour que ces parents portent à leurs enfants. A chaque
fois, je rentrais dans une bulle aux murs vides, et aux odeurs d’épices que je ne connaissais pas, mais à chaque fois les enfants étaient là, dans toute leur sincérité. Ils étaient là et ils m’aidaient à
communiquer avec leurs parents, ils étaient là et ils riaient, ils jouaient, remplaçant l’attente que je voulais alors photographier, par des moments échanges et d’amour, avec leurs parents, avec la vie.
Je livre donc ici un reportage sur des personnes en situation de demande d’Asile, sur des personnes qui ont une situation très instable, mais qui s’aiment... Je crois que c’est ce qui permet de vivre, et d’espérer.

« Aujourd’hui un Français sur quatre est d’origine étrangère par ses grands-parents »
« On oppose parfois les migrants qui quittent leur pays parce qu’ils n’ont ni travail ni avenir aux réfugiés contraints de partir à cause des violences mettant leur vie en danger. Mais n’est-il pas aussi humain de fuir la misère que la violence ? »(1)

En ces temps où les conflits sont nombreux et graves, où les droits des Humains sont encore bafoués tous les jours, aimons-nous ! Aux travers de ce travail je voudrais faire passer les valeurs que mon
frère m’a laissé : des valeurs de paix et d’unité.

1 : Les extraits ci-dessus sont tirés du livre « Eux, c’est nous. » de Daniel Penac, Serge Bloch, Jessie Magana,
Carole Saturno, créé par « les éditeurs jeunesse avec les réfugiés »


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